350 vaches laissées sans soins et sans nourriture pendant des mois… Qui ne se souvient pas de la terrible affaire de Saint Vit ?
Lundi 20 mai 2019, avait lieu au Palais de Justice de Besançon le procès de l’éleveur responsable de cette sombre maltraitance, qui conduira à la mort 300 animaux. L’unique responsable ? Lui est dans le déni, persuadé d’être victime d’un complot, met en cause la DDCSPP et refuse de reconnaitre la moindre faute.
Après la lecture par la présidente des faits qui lui sont reprochés, l’éleveur va, pendant plus de 1 heure, tenir un discours, souvent incohérent, pour tenter d’expliquer que lui n’est en rien responsable, mais que c’est la faute des services vétérinaires, d’un autre éleveur, de la tuberculose, parfois même du loup !
Un cheptel décimé faute de soins et de nourriture et il ne semble pas décidé à assumer ses fautes, pourtant évidentes. Seule l’avocate d’Humanimo, Me Catherine Bresson, va le déstabiliser un court moment, lui montrant la photo d’une jeune vache squelettique, morte de faim dans la boue, demandant comment il a pu regarder ses bêtes mourir pendant des mois sans réagir. Il se reprendra rapidement, rétorquant « non, mais celle-là c’est la tuberculose », ce n’est pas lui, une fois de plus…
La présidente rappelle que depuis 2013, l’éleveur refusait tout contrôle, dépistage et traitement, ce qui lui interdisait de fait de pouvoir vendre ses animaux. Mais pas de les emmener à l’abattoir. Ce qu’il aurait dû faire (selon la juge et le procureur) pour réduire son cheptel, qui, laissé en partie à lui-même, augmentait, augmentait… En 2017, Les habitants nous ont raconté qu’ils voyaient les animaux se reproduire, des veaux naitre et mourir sous leurs fenêtres depuis des années…
Des alertes ont été lancées, les services vétérinaires l’ont rappelé à l’ordre. En 2016, il est même envisagé le retrait des animaux. Début 2017, la DSV intervient à nouveau, mais l’éleveur refuse toujours de se mettre en règle ou d’envoyer des animaux à l’abattoir.
Été 2017, la situation se dégrade, des courriers d’habitants alarmés parviennent au maire de Saint Vit.
En novembre, la DSV visite la ferme, constate la présence de cadavres et fait euthanasier des vaches mal en point. Le 4 décembre, l’affaire éclate au grand jour, des animaux meurent dans plusieurs prés autour de la ville, la presse suit quotidiennement l’agonie des animaux, le combat de Rolande, la lanceuse d’alerte et des associations… Le récit est à lire ici
La question qui n’a pas été évoquée au tribunal, mais que nous posons ici, est celle-ci : mais pourquoi des mesures n’ont-elles pas été prises avant ? Pourquoi a-t-il fallu l’intervention des associations et tout l’acharnement et le dévouement de Rolande Bouvard pour que soient sauvés 64 animaux ? Seulement 64… Pourquoi les éleveurs bénéficient -ils toujours d’une compréhension et d’une bienveillance administrative assez sidérante ? Pourquoi, alors que la Fondation Bardot avait obtenu l’accord de sauver tous les bovins encore vivants, le préfet a-t-il subitement changé d’avis et fait abattre la majorité du troupeau ? Mystère !
Humanimo avait pourtant porté plainte contre X, afin que toutes les responsabilités soient mises au jour, mais seul l’éleveur s’est retrouvé à la barre.
Et il risque, selon les réquisitions du procureur, 1 an de prison avec sursis, interdiction à vie de détenir des animaux d’élevage, une amende de 200 euros. Plus les dommages et intérêts demandés par les associations : pour le GDS 1000 euros + 1000 au titre article 475.1, pour la FBB 5000 euros + 1000 euros au titre de l’article 475.1 (avec demande d’interdiction d’exercer), pour Humanimo, 1000 euros et 800 euros au titre de l’article 475.1, pour la SPA, 100 euros.
Le 27 mai, le verdict est prononcé : 10 mois de prison avec sursis, interdiction définitive de détenir des animaux de ferme et 3000 euros de dommages et intérêts pour les associations parties civiles
Comprendre toute l’affaire qui s’est déroulée en décembre 2017