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Stop cirques Micropolis

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Lettre ouverte aux actionnaires de Micropolis

Photo Jo-Anne McArthur/WeAnimals

Ville de Besançon, Conseil Départemental du Doubs, CCI du Doubs, Chambre d’Agriculture, Chambre des Métiers, Caisse d’Épargne, Crédit Mutuel, Crédit Agricole

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les actionnaires de Micropolis,
Monsieur le Directeur Général,

Le Palais des congrès de Besançon reçoit régulièrement des cirques avec animaux, dont le dernier en date, le grand cirque de Saint-Pétersbourg, a défrayé la chronique. Nous avons en effet filmé un soigneur en train de frapper brutalement une éléphante âgée et malade.
Au-delà de ce fait, choquant en lui-même et qui aurait dû stopper immédiatement les représentations de cet établissement, il est aujourd’hui anormal, anachronique, indécent, que des cirques puissent exhiber des animaux captifs dans leur spectacle ou leur ménagerie.

On connait maintenant la capacité des animaux à ressentir des émotions, de la souffrance et de la douleur, à éprouver de la joie ou du plaisir, on sait qu’ils ont des désirs, des buts, une volonté qui leur sont propres, qu’ils sont doués de conscience. La sentience des animaux ne fait plus débat.

Or ces spectacles sont la négation même de ce fait scientifique ; hérités du XIXe, ils n’ont plus lieu d’être aujourd’hui. Ce sont des démonstrations cruelles, une sotte affirmation du pouvoir de l’homme sur des êtres plus faibles que lui, asservis et diminués, qui passent leur triste vie à faire des tours contraires à leurs besoins physiologiques et psychologiques les plus évidents.
Ces cirques dits « traditionnels » emploient des animaux sauvages, mais également des animaux domestiques dont le sort n’est pas meilleur, nous avons pu le constater récemment.

Est-ce bien ceci que vous voulez promouvoir ? Est-ce bien ainsi que vous voulez montrer aux enfants comment vivent les animaux ? Derrière des barreaux ? Enfermés dans des cages, traînés de ville en ville, sortis de leur prison pour faire de piètres tours sur une piste bruyante, au son du fouet et de la mauvaise musique ?
Le cirque traditionnel n’existe plus, son avatar actuel n’est qu’un pauvre défilé sonore et clinquant de misère animale.

Mais certains sont là pour prendre la relève. André Joseph Bouglione et son Ecocirque, que la ville de Strasbourg accueille en résidence, proposent un magnifique spectacle vivant, 100% humain, avec musiciens, trapézistes, clowns et artistes de grand talent, respectueux de la planète comme de ses habitants (transports en train ou bateaux, énergie solaire, concerts, événementiels, conférences, scènes ouvertes et échanges avec les acteurs de la transition écologique des villes d’accueil).
Le cirque d’Alexandra Roncalli est sur la même voix. Un cirque allemand fait, lui, défiler des animaux hologrammes, ce qui est tout aussi spectaculaire. La relève est là, c’est elle qu’il faut soutenir !

Nous comptons sur vous pour mener ce lieu vers des spectacles de qualité, éthiques et conformes aux attentes de 67% des Français. 

Dans un autre registre, mais qui nous parle aussi de notre rapport aux animaux, il nous faut signaler le Salon du chiot, que Micropolis accueille tous les ans. Nous l’avons visité et nous avons été atterrés : le chiot marchandise en vitrine pour attirer le visiteur, l’animal peluche pour faire craquer les enfants. Mais ce ne sont pas des peluches. On ne peut pas adopter un animal, compagnon de vie de 10 à 15 ans, comme on achète un vêtement ! 
Beaucoup de ces chiens et chats, nés dans des usines à chiots, dont l’origine est mal définie malgré les affirmations de l’organisateur, vont être abandonnés dans les semaines qui suivent car malades, avec des problèmes de comportement qui nécessiteraient un suivi coûteux. Nous avons vu sortir des chiots, dont certains catégorisés, tremblants, ne pouvant pas marcher, effrayés, traumatisés… Des enquêtes associatives sont en cours sur la provenance des animaux de ce genre d’événements.

Nous espérons que vous refuserez à l’avenir d’accueillir ce genre de foire aux êtres vivants.

Un Palais des congrès doit être le reflet des attentes d’une ville, d’une région. Vous en êtes les actionnaires et les dirigeants, acteurs institutionnels publics ou privés, votre rôle est de répondre aux attentes de vos concitoyens, de les emmener vers une culture innovante ou classique, mais à l’éthique irréprochable. 

Nous espérons que vous saurez entendre notre appel et celui des signataires de la campagne qui se met en place pour faire de Micropolis un lieu du XXIe siècle, éthique et moderne.

8 septembre 2018
Virginie Vernay, présidente d’Humanimo