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Quelles solutions pour une meilleure cohabitation avec nos voisins liminaires ?

Mieux comprendre ceux qui nous entourent : série « LES ANIMAUX LIMINAIRES »

Article 4/5

Lorsque nous tuons ou déplaçons des animaux, nous libérons des niches qui finissent par se remplir à nouveau, souvent d’un nombre accru d’animaux. Ce qui rend les méthodes pratiquées actuelles tout inefficaces.

Mais il est tout aussi important de reconnaître de bonne foi le rôle que nous jouons dans l’apparition des conflits qui nous opposent aux animaux liminaires. Notre attitude à l’égard des animaux liminaires est extrêmement incohérente. Nous installons des mangeoires pour les oiseaux chanteurs mais nous finissons par attirer les ratons laveurs, les écureuils qui volent la nourriture pour ne rien dire des rapaces qui chassent les oiseaux. Puis nous nous plaignons de ces envahisseurs. Par négligence, nous laissons traîner nos déchets ou des aliments pour animaux de compagnie attirant ainsi toute sorte d’animaux, notamment les rats.

Nous avons également tendance à réduire les animaux liminaires aux problèmes qu’ils posent (les moineaux qui font trop de bruit, les écureuils qui volent les graines pour les oiseaux, les pigeons qui salissent les bancs publiques), sans jamais considérer les bénéfices de leur présence : recyclage de certains de nos déchets, ensemencement de nouveaux arbres, mangent des insectes, pollinisent des plantes, contrôlent la population d’autres liminaires par la prédation etc…

Que pouvons-nous faire pour améliorer cette cohabitation, afin de mieux l’accepter ?

Permettez que nous reprenions les deux exemples précédents, à savoir le rat et le pigeon.

Le rat :

Aujourd’hui, aux États-Unis, un contraceptif a été développé : il permet de limiter efficacement la reproduction des rats. Malheureusement ce produit n’est pas encore disponible sur le marché français mais il faut vraiment motiver les agglomérations pour en disposer.

En parallèle, il ne faut pas hésiter à mettre en place des groupes de travail afin de réfléchir en toute impartialité à la mise en place de méthodes éthiques et efficaces pour limiter les populations de rats. Par exemple, une meilleure gestion des déchets pourrait permettre de limiter le nombre de rats et leur présence en surface.

Le pigeon :

Des méthodes éthiques et efficaces doivent être incluses dans une gestion globale qui passe par plusieurs actions : étude de la situation (comptage des pigeons, identification des endroits gênants et du type de gêne…), médiation avec les personnes qui nourrissent, nourrissage encadré, mise en place de solutions adaptées pour atténuer les gênes comme le nettoyage renforcé à des endroits précis, communication auprès des habitant-es et d’organismes comme les bailleurs sociaux…

N’oublions pas que les êtres humains ont attrapé les pigeons dans leur milieu naturel et les ont forcés à vivre dans notre société en premier lieu. Ils essaient seulement de survivre dans l’environnement moderne. Lorsque tout le monde reconnaîtra les pigeons comme des individus intelligents et sociaux, ces oiseaux pourront enfin profiter d’une coexistence pacifique avec les humains.

Le pigeonnier contraceptif est une structure qui offre un habitat aux pigeons, tout en limitant leur population. Le principe consiste à secouer les œufs pondus ou à les remplacer par des factices afin qu’ils n’éclosent pas (certaines entreprises retirent les œufs sans les remplacer mais cela est à proscrire pour éviter que les pigeonnes ne répondent rapidement). Afin de fidéliser les oiseaux au pigeonnier, celui-ci doit être entretenu (nourriture et nettoyage).

Il est important de noter que ce n’est pas parce qu’une ville n’a pas recours à des méthodes létales que cela veut nécessairement dire que les pigeons peuvent vivre correctement. Le pigeonnier contraceptif combine ainsi plusieurs avantages :

  • limiter de manière éthique les populations de pigeons
  •  offrir un habitat aux pigeons
  •  permettre aux oiseaux de se nourrir correctement. Les pigeonniers sont aussi une opportunité d’autoriser les habitants nourriciers à nourrir à cet endroit.

Le maïs contraceptif

Présenté sous forme de grains de maïs, ce traitement contraceptif cible spécifiquement les pigeons. Cette nouvelle méthode, respectueuse de la condition animale, a déjà fait la preuve de son efficacité dans de nombreuses villes européennes. Elle est disponible en France à destination des collectivités.

 

En définitive,

Les pigeons, tout comme les rats, sont des êtres sensibles, sociables et très intelligents, et dans leur capacité à ressentir la joie, la douleur, l’amour et la peur, ils ne sont donc pas si différents de nous et des animaux qui partagent notre foyer. Ainsi, leur faire subir une mise à mort violente et cruelle est aussi inhumain que de maltraiter des chiens ou des chats.

Il existe des manières efficaces de réguler et de réduire le nombre d’animaux liminaires sans avoir recours à des pratiques cruelles. Les opérations de « destruction » de ces animaux n’ont aucune utilité à long terme : plus on élimine les rats et les pigeons, plus ils se reproduisent rapidement, et d’autres individus viendront également entre-temps prendre la place de leurs congénères tués.

 

 

Prochain et dernier article : Donner des droits aux animaux ne réduit pas ceux des êtres humains.