Le weekend du 22-23 juin 2019, notre association a reçu des signalements concernant les conditions de vie et les soins apportés aux animaux appartenant à « La Petite Ferme des Vaîtes », association régie par la loi du 1er juillet 1901, située à Besançon. Suite à ces signalements, nous avons organisé trois visites sur les lieux entre le 23 et le 25 juin et avons parallèlement rencontré plusieurs bénévoles (actuels ou anciens) de l’association.
La SPA de Besançon, alertée par une de ses adhérentes, a également envoyé 2 enquêtrices sur place fin juin. La SPA a fait les mêmes constatations qu’Humanimo (sauf pour l’eau et la nourriture présentes ce jour là) et en tire exactement les mêmes conclusions.
Lors de ces visites, nous avons constaté plusieurs manquements dans la prise en charge des animaux de la ferme, qui nécessitaient d’être palliés au plus vite en cette période de canicule. Pour régler rapidement ces problèmes, une rencontre a été proposée au président de l’association dès le 26 juin 2019. Malheureusement, le président n’a pas accepté de nous rencontrer et a refusé avec force tout dialogue. Conformément à notre mandat, nous avons signalé la situation aux services de la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations du Doubs (DCSPP). Les services de la DCSPP ont réalisé une première inspection le 1er juillet 2019, lors de laquelle ils ont rappelé au président de l’association ses obligations légales et la nécessité de pallier les différents problèmes constatés sur place. Contactés le 2 juillet 2019, les services de la DCSPP nous ont informés de l’ouverture d’un dossier de suivi de la situation.
Compte rendu des trois visites
- Manquements dans la prise en charge des ovins et caprins :
- Absence de suivi vétérinaire : Animaux non identifiés, non stérilisés, non vermifugés, non vaccinés.
- Absence de tonte : le mouton est de race rustique à laine longue (Ouessant ou proche), non tondu malgré la canicule
- Abri non adapté aux périodes de fortes chaleurs : l’abri disponible est de petite taille, la moitié de l’espace disponible étant réservée au stockage de matériel. Il est peu probable que l’abri puisse permettre aux petits ruminants de se protéger de la chaleur, la température à l’intérieure étant encore plus élevée que la température extérieure à cause du toit en tôle, de l’absence d’isolation, et de la faible aération de la partie accessible de la cabane. De plus le terrain ne dispose pas de zones d’ombre à ce jour puisque les arbres plantés sont des jeunes plants.
- Taille du terrain non adapté à 3 petits ruminants : la nourriture quotidienne des petits ruminants se fait par un pâturage continu du terrain, sans affouragement en vert, excepté le samedi matin où les petits ruminants reçoivent des légumes. Du fait de sa petite taille, le terrain est très largement surpâturé, probablement du fait d’une méconnaissance de la taille de pâture nécessaire pour accueillir trois petits ruminants dans notre région en pâturage continu.
- Méconnaissance des besoins alimentaires des petits ruminants : malgré la surpaissance du terrain, les animaux ne disposent pas de foin. Les animaux disposent d’une auge à eau dans le terrain, vide lors des trois visites en période de canicule. Du pain est donné régulièrement aux ruminants par les bénévoles et les passants.
- Manquements dans la prise en charge des cochons :
- Absence de suivi vétérinaire : Animaux non identifiés, non stérilisés, non vermifugés, non vaccinés.
- Manquements dans la prise en charge des rongeurs :
- Absence de suivi vétérinaire : Animaux non stérilisés, non vermifugés, non vaccinés.
- Cage non adaptée aux périodes de fortes chaleurs : Exposition directe des rongeurs au soleil de 6h à 11h du matin, avec un pic à 8-9h.
- Méconnaissance des besoins physiologiques et éthologiques des rongeurs
- Le sol est constitué de dalles de béton qui conviennent peu aux pieds des rongeurs (particulièrement à ceux du lapin) qui nécessitent des surfaces molles, telles que la terre et l’herbe (ou à défaut, des tapis épais).
- Les rongeurs ne sont jamais sortis des cages et ne sont jamais au contact de l’herbe. Ils ne peuvent ni jouer, ni creuser, ni courir et se cacher, activités pourtant essentielles à leur bien-être.
- Aucune litière permettant l’absorption de l’urine (copeaux de bois, de chanvre, où à défaut, granulés de bois compressés) n’est à disposition des rongeurs. L’urine des rongeurs ruisselle sur la paille, stagne sur les dalles en béton. Les dalles en béton et les boites en bois ne sont pas nettoyées, ne serait-ce qu’à l’eau, lors du nettoyage hebdomadaire, qui consiste uniquement à remplacer la paille souillée.
- Les cochons d’Inde mâles n’étant pas stérilisés et très proches des femelles, ceux-ci se battent régulièrement. À ce jour, sur les quatre cochons d’Inde mâles, deux d’entre eux un œil crevé suite à des bagarres. Ils ne reçoivent aucun soin pour cet œil et n’ont pas été présentés à un vétérinaire.
- Méconnaissance importante des besoins alimentaires des rongeurs :
- Eau disponible via des gamelles à eau en quantité très insuffisante durant la semaine, où par trois fois, des gamelles vides ont été signalées, malgré la période de forte chaleur.
- Nourriture : la nourriture des rongeurs se fait une fois par semaine par le remplissage de plusieurs distributeurs de granulés. À l’exception du samedi matin, les rongeurs ne reçoivent pas de verdure ou de foin, ne serait-ce qu’une fois par jour.
- Absence de surveillance hebdomadaire des rongeurs : aucun soin ni aucune surveillance ne sont réalisés sur les rongeurs. Le lapin présente un goitre important non investigué et non traité, ses ongles ne sont jamais coupés, ses dents jamais surveillées ni limées.
- Absence d’adaptation des soins en période de canicule : Malgré les fortes chaleurs, les dalles en béton ne sont jamais mouillées, le toit et les murs de l’enclos ne sont pas arrosés et les rongeurs ne sont pas humidifiés. Le lapin est dans l’impossibilité totale de s’enterrer, condition pourtant indispensable à son bien-être durant les périodes de chaleur
Notre point de vue sur la situation
Globalement, les bénévoles semblent être des personnes de bonnes intentions qui souhaitent profiter d’un site joliment décoré et bien entretenu pour y cultiver des plantes, y pique-niquer, et faire profiter les enfants de la présence d’animaux.
Néanmoins, d’après nos échanges avec les bénévoles, trop peu de personnes s’occupent au quotidien des animaux dont le nourrissage se fait selon un planning tournant. Beaucoup de bénévoles ayant quitté l’association du fait de problèmes internes, la charge de travail est trop lourde pour ceux restants et disponibles durant la semaine. Le frigo de dons disposé à l’entrée du site est le plus souvent vide durant la semaine, ce qui ne permet pas de fournir aux animaux des quantités de verdure suffisantes. Du pain est distribué en quantité aux rongeurs et aux ruminants, probablement du fait d’une méconnaissance de leur alimentation et des aliments qui leur sont néfastes.
Aussi, le directeur de l’association et les bénévoles n’étant pas familiers des animaux, ceux-ci n’ont pas pris la mesure de l’investissement nécessaire en termes de temps, d’infrastructures, et de formation pour placer les animaux dans de bonnes conditions, et de l’importance de réaliser ces investissements avant d’accueillir des animaux. Ceci est d’autant plus problématique qu’en cette période de canicule, le soin aux animaux est particulièrement chronophage du fait de l’évaporation de l’eau dans les gamelles, de la nécessité de rafraîchir régulièrement les cages et les animaux, et d’un plus grand besoin en verdure.
L’absence d’un budget dédié aux soins vétérinaires (stérilisation, vaccination, soins des plaies suite aux bagarres, vermifuge, achat d’une tondeuse pour le mouton, coupe des griffes et des dents des rongeurs quand c’est nécessaire) et l’absence de formation des bénévoles aux besoins de base des animaux (alimentaires comme éthologiques) engendrent des négligences importantes.
Nous regrettons que le président de l’association n’ait pas voulu nous rencontrer et travailler avec nous à régler les différents manquements que nous avons constatés.
Les photographies ont été prises le mardi 25 juin 2019 après-midi, en période de canicule (température 32,5°C à l’ombre)